lundi 6 avril 2015

Ségolène Royal : « Chacun doit pouvoir bénéficier d’un droit au paysage »

Un article paru au Moniteur des Travaux Publics et de la Construction le 2 avril 2015

Comment expliquer de tels écarts entre le discours et la mise en œuvre concrète des projets sur le terrain?


Madame la Ministre, ne serait-il pas grand temps que vos services viennent s'intéresser à ce qui se joue ici, en terme de paysage! 

Madame la Ministre, prenez le temps de lire notre courrier du 5 mars que vous nous avons adressé et qui est resté sans suite à ce jour. Prenez la mesure du peu d’intérêt manifesté par les services de l'état à l'égard de vos préoccupations de paysage!

Quelques extraits qui interpellent. 
Etablissez-vous un lien entre ce plan et les deux lois majeures que vous portez cette année sur la transition énergétique et la biodiversité ?

S.R. : Oui car, dans ces domaines, tout se tient : l’excellence environnementale et l’excellence paysagère.

La question de l’interface énergie/paysages ne se réduit pas à l’intégration des éoliennes qui peuvent être une ponctuation paysagère réussie à condition que leur implantation soit bien conçue et réalisée à une échelle harmonieuse. La mutation de notre modèle énergétique, c’est aussi une alternative à l’artificialisation anarchique des sols, le choix de formes urbaines plus compactes, de transports plus collectifs et plus doux, des aménagements, des équipements et des pratiques qui dessinent les nouveaux paysages de la croissance verte.
Souhaitez-vous qu’une empreinte paysagère marque d’autres politiques publiques ?

S.R. : Cette prise en compte est nécessaire car les enjeux des paysages sont écologiques, économiques, sociaux, sanitaires et culturels et j’y travaille avec mes collègues ministres les plus directement concernés.
L’agriculture verte et l’agroforesterie contribuent à maintenir ou recréer des paysages de qualité. Les journées européennes du patrimoine associeront désormais chaque année, comme en 2014, patrimoine naturel et patrimoine culturel, monuments de la nature et de l’architecture dont la beauté et la formidable variété méritent d’être mises en valeur ensemble et partagées avec tous car elles sont constitutives de notre identité collective ; les métiers de la conservation et de la restauration vont intégrer davantage la dimension environnementale et paysagère. Enfin, le Plan Santé Environnement 2015-2019 reconnaît les bienfaits de la nature en ville et le rôle des paysages, facteurs de bien-être physique et psychique, barrières contre les agents pathogènes et accélérateurs des convalescences.
Pourquoi le paysage revêt-il tant d’importance dans votre message politique ?

S.R. : Après mon premier passage au ministère de l’Ecologie en 1992 et 1993, j’ai développé ma réponse dans le livre « Pays, paysans, paysages », dont je prépare une édition actualisée.

Les paysages sont au cœur de cette nouvelle alliance et de cette nouvelle harmonie entre l’homme et la nature que je veux bâtir. Au cœur de la réconciliation entre environnement et économie, entre activités humaines et reprise en main de notre destin climatique. Au cœur d’un dialogue environnemental renforcé et d’une démocratie vivifiée qui associe les citoyens aux décisions qui les concernent. Ils incitent toutes les forces vives de notre pays – citoyens, territoires, entreprises – à joindre leurs forces pour un but partagé. Ils sont, pour tout dire, la beauté de l’écologie et la poésie de l’action publique.

Retrouvez l'intégralité de cet article ici



A lire aussi dans la même veine, en pensant au métro aérien lorsqu'il traverse le Parc Naturel Régional de la vallée de Chevreuse!!!

Ségolène Royal : « la loi sur la biodiversité va renforcer les moyens d’actions des parcs naturels régionaux"